Dimitile

Dimitile désigne un sommet et un espace naturel situé dans les hauts de La Réunion, dans le sud de l’île. Ce site d’intérêt culturel et touristique est notamment accessible par la commune de l’Entre-Deux. De nombreux sentiers de randonnées ainsi qu’une route forestière permettent de se rendre dans ce secteur.

Aux origines: le Capitaine Dimitile

L’histoire de l’esclavage rappelle que ce mot a pour origine un Grand Marron connu sous le nom de Capitaine Dimitile. Le terme Dimitile a en effet pour origine des termes malgaches: Dimy tily, de dimy, « cinquième enfant » et tily « guetteur ». Dimitile signifie ainsi Dimy le Guetteur. Cet ancien résistant de l’esclavage colonial s’est enfuit pour vivre libre dans les montagnes. Il est devenu « marron« , du mot portugais « cimaron », celui qui redevient sauvage. Il rejoint le camp du roi des marrons appelé Laverdure et il aurait été son fidèle lieutenant durant plusieurs années.

Le nom de Dimitile apparaît pourtant dans plusieurs textes. Il est cité par une esclave nommée Jeanneton dans une déclaration datant de 1743. Plus tard, Jean-Marc Auliffe présenté le camp de Dimitile comme « composé d’une vingtaine de marrons, en famille pour la plupart ».

Dimitile: héros du marronnage

Le marronnage est pratiqué sur l’île du début de la colonisation jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1848. Pour autant, les traces écrites qui permettent d’apporter des détails sur l’histoire des marrons et les conditions de vie dans les camps sont peu nombreuses. La topographie du « royaume de l’intérieur« , des terres les plus éloignées des espaces habités du littoral, évoque le souvenir des premiers habitants des hauts de La Réunion. Mafate, Anchaing (ou Encheing), Cimendef, Mariane, Mauzac, Cotte font partie de cette histoire. Les rapports des chasseurs de marrons, comme ceux de François Mussard, fournissent des informations utiles mais incomplètes.

Dimitile est également surnommé « l’insaisissable« . Il aurait été l’esclave de l’abbé Criais. Durant son grand marronnage, il a organisé des expéditions préparées pour dérober des vivres et du matériel aux colons. Il aurait fait face aux chasseurs de marrons envoyés par le gouverneur Mahé de Labourdonnais pour éradiquer les marrons en 1739.

Quoiqu’il en soit, il est quasi certain que les esclaves en fuite qui suivaient Dimitile et le roi Laverdure étaient sans arrêt en mouvement dans les montagnes. Les camps qui pouvaient être plus ou moins mobiles devaient à tout prix éviter de croiser la route des chasseurs de marrons.

Le camp des marrons: un lieu de mémoire

Depuis 1998, l’association Capitaine Dimitile s’est donnée pour mission de valoriser l’histoire des Grands Marrons. La construction d’un espace muséographique appelé le Camp des Marrons a permis de reconstituer les anciennes habitations et de mettre en valeur ce patrimoine. On y découvre en particulier les statues de Dimitile, de Laverdure Le Roy et de sa femme Sarlave la reine.

Le Grand Marron Dimitile représente désormais une figure de la liberté et de la lutte contre la barbarie, de la résistance face à l’esclavage. Lorsque le randonneur arpente les sentiers qui mènent aux nombreux points de vues, l’histoire des lieux en mémoire, il devient de plus en plus admiratif devant la splendeur des panoramas et la beauté des paysages.

Comment se rendre au Dimitile ?

Les accès les plus faciles passent par l’Entre-Deux. Depuis le centre du village, suivez la route vers le Dimitile puis vers le parking où commence la route forestière Jean Dubard. Le sentier Boeuf La Chapelle qui démarre du parking est accessible aux randonneurs de niveau moyen. L’ascension à pied pour arriver au Camp des Marrons dure environ 3h aller et environ 2h30 pour le retour. Les véhicules adaptés et autorisés peuvent emprunter la route forestière.

Je conseille de contacter l’association Capitaine Dimitile pour profiter pleinement du site. Ils organisent des visites guidées sur réservation, pendant les jours et horaires d’ouverture du Camp des Marrons. L’entrée du site est payante, le tarif est de 2 € par visiteur. L’association est joignable par téléphone au 06 93 20 61 27. Les sentiers qui mènent au Dimitile permettent aussi de découvrir la forêt de bois de couleurs et de rencontrer les oiseaux de La Réunion.

Ludovic Lauret

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