GRANDS-BOIS, UNE HISTOIRE DE SUCRE
Grands-Bois est un quartier de Saint-Pierre, après celui de Terre-Sainte, de Terre-Rouge et de la Cafrine, en direction du Sud. Son littoral aménagé nommé « le sentier des pêcheurs » attirent promeneurs, sportifs et pique-niqueurs qui aiment profiter de la beauté naturelle de cette côte basaltique sur laquelle la houle vient se briser avec fracas.
Mais Grands-Bois a aussi son histoire.
Et pour les habitants de Grands-Bois, celle-ci a commencée et tournera longtemps autour de son usine sucrière.
C’est en effet dès 1835 que les archives relatent une demande d’autorisation pour une prise d’eau afin de faire fonctionner une usine de canne à sucre dans le quartier de Saint-Pierre dit Grands-Bois.
Il y eut ensuite de nombreux changements de propriétaires jusqu’en 1880, date de l’achat de cette propriété par le Comte Blainville de Choppy à monsieur Desjardins. Au moment de la succession du Compte Blainville de Choppy léguant la totalité du Domaine à son fils Charles Augustin Choppy, ce Domaine comprenait alors, maisons de maître et d’employés, bâtiments d’exploitation, usine à sucre, le tout composé de la réunion de propriété connues sous les noms de Terre-Rouge, Anse, Grands-Bois, Cafrine, Montvert et Manapany, représentant près de 2000 hectares.
Cette imposante propriété rivalisait avec celle de son voisin immédiat, le comte Kerveguen, et était en fait le fruit d’un travail de remembrement et d’acquisition foncière commencé dès le début du XIXème siècle par le comte Blainville de Choppy.
En 1919, l’histoire de la famille Choppy s’arrête dans le sud de l’île, lorsque Charles Augustin Choppy, demeurant à Paris, vend à Monsieur Georges Rougier Lagane la totalité du Domaine pour le prix de 3 millions de francs.
Cet immense domaine connaîtra alors des fortunes diverses. Il est revendu en février 1922 à la Compagnie Foncière de Maurice Réunion Limided, pour finalement devenir la propriété de la Société Anonyme de Grands Bois, qui le gardera dans son patrimoine jusqu’en 1948.
En décembre 1948, les Sucreries de Bourbon se portent acquéreur et entreprennent une importante transformation industrielle de l’Usine, qui devient alors pendant plusieurs décennies, l’une des plus importantes sucreries et distillerie du Sud de l’île.
Mais le démembrement de cette immense propriété avait déjà commencé dès 1920 et s’est poursuivi jusqu’en 1991 avec pour conclusion la fermeture définitive de l’usine à la fin de la campagne sucrière le 25 novembre 1991.
Source: Étude sociologique pour l’opération « Calbanons cafrine », Emmanuel Souffrin (GRAFOS), avril 2000.
Cependant, l’ensemble immobilier n’a jamais cessé de vivre complètement. Le centre de pesée et de chargement des cachalots (la balance) est toujours en activité. Un temple malabar à proximité, dont la date de construction est difficile à déterminer, donnait hors des périodes de campagne sucrière, un minimum de vie à l’ensemble.
Pourtant, dès le 14 juin 2002 la cheminée ainsi que les bâtiments de l’usine furent inscrits au titre des Monuments Historiques de France.
Mais c’est en 2009, date à laquelle un important programme d’aménagement et de réhabilitation du site est entrepris par la commune de Saint-Pierre, que cet important site industriel historique va retrouver toute sa place au sein du quartier. En effet, le projet prévoit la réfection totale de 4 éléments du bâti existant, dont la belle cheminée, le bâtiment principal de l’usine, mais aussi la construction d’un large espace culturel, surmonté de logements sociaux à l’architecture d’époque afin que la population de Grands-Bois soit pleinement bénéficiaire du site.
Démarrage des travaux de requalification de l’usine : 2010.
Livraison de l’espace usine vers 2015.
Depuis, c’est un large centre culturel comprenant un musée “Objets Lontan” où tout visiteur de tout lieu peut venir se ressourcer et découvrir l’ingéniosité et le savoir-faire de nos anciens, ainsi qu’une salle “Multi-activités” qui accueille les habitants de Grands-Bois ou d’ailleurs pour de multiples activités liées au sports et à la culture, comme la boxe anglaise, le jiu-jitsu brésilien, le judo, le karaté, la danse indienne, le flamenco, etc. Et ce n’est qu’un début. Le Centre comprend aussi une salle de conférence et de réunion.
En avril 2023, c’est une médiathèque tournée vers le numérique qui ouvrira ses portes sur 3 niveaux pour le bonheur des jeunes et des moins jeunes à la rencontre du patrimoine et de l’histoire d’où nous venons.
Si vous passez par Grands-Bois, n’hésitez pas à vous y arrêter pour visiter ce lieu de découverte. Un guide passionné vous y attend et c’est gratuit. Renseignement auprès de la Maison des Associations de Grands-Bois au 0262 32 60 20.
Crédit photo: Crédits photo : DAC-iO, CRMH, 27 juin 2018
