Le phare de Sainte-Suzanne

Le phare du Bel-Air est le premier phare de l’île de La Réunion. Il mesure 20,25 mètres de haut mais il s’élève à une hauteur de 45,82 mètres au dessus de la mer car il a été construit au-dessus d’une falaise. Autrefois, il était possible d’accéder au sommet du bâtiment, en suivant les 73 marches en bois. On atteignait ainsi le chemin de ronde et l’appareil lenticulaire. Jadis, la lanterne était alimentée en huile et en pétrole. Par temps clair, il était possible de voir la lumière du phare jusqu’à une distance de 18 miles, c’est à dire à plus de 28 kilomètres de distance de la côte.

Dans les années 1840, des ingénieurs hydrographes, spécialisés dans le relevé des fonds marins, réalisent un inventaire des dangers proches de l’île pour les bateaux. Du côté de Sainte-Suzanne, deux rochers appelée « Cousin » et « Marianne » sont identifiés comme une menace pour la navigation maritime. Quatre ans plus tard, en 1844 commence la construction du phare de Bel-Air. La réalisation de la colonne monumentale d’ordre toscan s’achève en 1846. C’est l’ingénieur Louis Charles Diomat qui a réalisé ses plans. Il avait soumis le projet et le devis au Conseil Colonial le 7 août 1840.

C’est à partir du 15 octobre 1846 que le phare permet de signaler les deux récifs cachés dans les flots, situés à 600 mètres au large de Sainte-Suzanne. Il faut dire que la navigation autour de l’île pouvait, et peut toujours, devenir périlleuse, en particulier dans le secteur nord est, avec des vents et une mer difficiles à contrôler, même pour les marins les plus expérimentés. Dans l’histoire maritime de La Réunion, nombreux ont été les naufrages et les naufragés. Je peux citer, par exemple, le Messager de Bourbon  en 1829 en rade de Sainte-Marie,   le Ker Anna  à la Pointe des Aigrettes de Saint-Paul en 1894, le Warren Hasting sur la côte sauvage de Saint-Philippe en 1897, le Michel Salustro sur les rives de Champ-Borne de Saint-André, ou en encore le Tresta Star, encore à Saint-Philippe, tout récemment, le 3 février 2022.

Le phare a été habité jusqu’en 1984. Le dernier gardien s’appelait Jean Baillif. On retrouve d’ailleurs son ancien logement et ses anciens bureaux à la base du phare ainsi qu’une ancienne cuisine créole dans la cour. A partir de 1989, un système automatisé permet au phare de fonctionner sans la présence humaine à l’intérieur du bâtiment. « Le gardien habitait en effet à l’intérieur du Phare, avec sa famille. Ses missions concernaient l’allumage et l’extinction du feu, (après la lampe à pétrole, on est passé à l’optique tournante en 1947), l’entretien de tout le bâtiment notamment le système d’éclairage, la cour extérieure qui était plantée en fruits et légumes. Le gardien assurait également la visite des lieux et il devait avoir des connaissances solides en électromécanique. »

Le phare de Bel-Air est classé monument historique le 5 septembre 2012. Il est un élément emblématique de la commune de Sainte-Suzanne. C’est le dernier de l’île de La Réunion depuis l’écroulement de celui de la Rivière des Galets suite au passage d’un cyclone.

Le phare de Sainte-Suzanne fait actuellement l’objet d’importants travaux qui visent à restaurer son fonctionnement et à sécuriser son accès, notamment les parties intérieures. De ce fait, le monument n’est malheureusement plus accessible aux visiteurs (pas avant 2023), mais il est toujours possible de découvrir les parties extérieures et de le prendre en photo. De plus, à proximité, il est possible de rejoindre le sentier littoral nord et de flaner à pied ou à vélo sur la partie maritime du Beau Pays. Il est aussi possible de découvrir les vestiges de l’ancien chemin de fer, en particulier le tunnel de 50 mètres, avec une voûte entièrement maçonnée, qui passe sous le terrain du phare.

Ludovic L.

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